L’avis de Laurent Schwartz, Président du Comptoir National de l'Or
L’affirmation « l’Or est une protection contre l’inflation » est juste mais le métal jaune est avant tout une protection contre les taux d’intérêt réels négatifs.
L’économiste Irving Fisher définissait le taux d’intérêt réel tel que : taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal - taux d’inflation. En d’autres termes : si un Livret A rapporte 1% en période où l'inflation est de 2%, la perte supportée par an sur le capital est de 1%.
Ce premier mécanisme, intuitif, pourrait se résumer ainsi : « Au royaume des actifs à rendement négatif, les actifs à rendement nul comme l’Or sont rois ». En effet, si l’Or ne procure aucun revenu, il ne sera jamais négatif. En conséquence, il grimpe en flèche dans le contexte actuel où l’Allemagne, le Japon, la Suisse, la France, bientôt la banque d’Angleterre et d’autres pays rémunèrent les liquidités négativement.
Pourtant, les pressions inflationnistes restent faibles, malgré les émissions monétaires massives. Alors, pour quelles raisons l’Or augmente-t-il ? Deux explications :
· le baril à 35 dollars
L’inflation existe mais est masquée par un prix de l’énergie en général, et du pétrole en particulier, anormalement bas.
· la fin de la croissance
L’argent ne circule pas, par peur du risque et par manque d’opportunité d’investissement. Dans une économie en « stagflation » (croissance nulle, inflation faible), l’augmentation de la masse monétaire se traduit mathématiquement par une diminution de la vitesse de circulation de la monnaie.
La relance de la croissance dans notre contexte économique par une baisse des taux directeurs est donc, au mieux inefficace, au pire un mensonge. Pourquoi les banques centrales continuent-elles alors à pratiquer des taux bas ou négatifs ? Principalement pour limiter une appréciation de leur devise, mais aussi, de manière moins glorieuse, pour limiter le poids du service de la dette pour les états les plus concernés.
Les effets pervers de cette politique sont l’affaiblissement des banques. Ces dernières ont du mal à répercuter cette baisse à leurs clients, ce qui diminue leur marge, fragilise leurs fonds propres, accentue la défiance envers, et entre elles.
Des taux réels négatifs traduisent donc une situation monétaire, économique et bancaire exécrable. Le cocktail idéal pour l’or.
Et maintenant ?
3 scénarios à court et moyen termes sont possibles vis à vis des taux : le statu quo, la poursuite lente de la baisse ou une remontée.
· Scénario le plus probable : une lente baisse des taux réels
La croissance tant implorée ne revient pas, et les déséquilibres s’accumulent, notamment, l’endettement des états. L’écart de rendement entre l’or et les autres actifs devenant de plus en plus significatifs, une seconde ruée vers l’or peut être probable avant la fin de l’année.
· En cas de statu quo : l’or continuera de s’apprécier, mais à un rythme plus faible et moins volatile.
· En cas de remontée, scénario peu réaliste : les banques et les pays les plus fragiles (comprendre les plus endettés) seront étranglés. Les doutes sur la solvabilité de certains précipiteront le système dans une situation semblable à celle de 2009. La panique généralisée fera littéralement flamber les cours de l'or.
A noter que tous ces scénarios sont favorables à l’or.
Laurent Schwartz est Président du Comptoir National de l'Or, leader en France du négoce de métaux précieux (et Or investissement), avec plus de 57 agences en France et en Allemagne. Depuis 1976, le Comptoir National de l'Or offre un accès aux particuliers souhaitant investir ou vendre de l'Or physique (ou de l'Argent). Diplômé de l'Edhec Business School, Laurent Schwartz essaye d'apporter un éclairage complémentaire aux analyses macro économiques traditionnelle au travers de l'Or, valeur refuge.
A propos du Comptoir National de l’Or : www.gold.fr
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