La Pataterie Reprise Par La Société Verdoso

L'affaire agite le monde de la franchise depuis plusieurs mois. L'enseigne La Pataterie, success-story au sein du secteur franchisé, avec un développement exponentiel lors des années 2000 mais en graves difficultés financières depuis plusieurs mois à finalement trouver en repreneur en la personne d'une société d'investissement parisienne, Verdoso. Une reprise, décidée il y a à peine 3 semaines par le tribunal de commerce de Limoges. Rappelons que La Pataterie compte à ce jour 160 points de vente en France, employant près de 2.300 salariés, pour un chiffre d'affaires global de 152 millions d'euros.

Genèse d'un succès

C'est en 1996 que l'épopée de la Pataterie débute. A Brive-la-Gaillarde précisément, où Jean-Christophe Pailleux ouvre son premier restaurant de 220 couverts. Le concept? Il naît suite à une visite au Salon de l'Agriculture d'un couple d'amis de J-C Pailleux et sa femme, qui y découvrent le concept des pommes au four, une spécialité britannique appelée outre-Manche «baked potato».

Une idée que le J-C Pailleux adapte pour ouvrir un restaurant dont la philosophie est d'en faire un lieu de restauration qui fleure bon l'ambiance du terroir. Tout de suite, le succès est au rendez-vous dans la cité briviste. Une réussite commerciale qui incite les proches de J-C Pailleux à ouvrir d'autres points de restauration dans le Nord, dont on est originaire ce dernier ou en Dordogne. Une dizaine d'établissements voient ainsi le jour. En 2003, devant le succès rencontré, J-C Pailleux décide de lancer la Pataterie en franchise, en s'appuyant sur des spécialistes du secteur.

Ainsi, pour devenir franchisé du groupe il fallait débourser en moyenne 130.000€ d'apport personnel, payer un droit d'entrée de 45.000€ et signer un contrat de franchise de 7 ans. L'investissement global était estimé aux alentours des 500.000€, alors que le chiffre d'affaires possible après deux ans d'activité était estimé à 770.000€.

En 2008, Alexandre Maizoué est recruté en tant que directeur général. Un professionnel du secteur qui va épauler J-C Pailleux à structurer et développer son réseau, qui connaît un succès fulgurant puisqu'entre 2008 et 2012, le nombre de restaurants passe de 25 à... 162!

Une réussite insolente qui va pourtant connaître un ralentissement très fort à partir de 2014.

La Pataterie, touchée de plein fouet par la crise de la restauration assise

Une réussite qu'on aurait pu presque croire inarrêtable avec l'ouverture, entre 2011 et 2014 de 30 à 40 établissements par an! Malheureusement, 2014 marque la fin de cette croissances insolente. La raison? Une conjoncture qui touche de plein fouet la restauration assise: pouvoir d'achat en baisse, peur des attentats, moral des ménages en berne, plus forte concurrence sur les zones de chalandise et météo défavorable. Une période difficile qui se traduit dans les chiffres: en 2015, la Pataterie n'ouvre que 15 nouveaux restaurants. En 2016, seulement...quatre. En 2016, le chiffre d'affaires du groupe connaît un net recul à 142 millions d'euros contre 163.6 millions en 2015! Le nombre de restaurants passe lui de 212 à 193 sur la même période.

Pour faire face à cet essoufflement, le groupe prend plusieurs initiatives, dont la principale est de miser la rénovation des restaurants, avec un nouveau code graphique. L'idée motrice? Une décoration moins agressive, une luminosité plus douce, un réagencement des restaurants pour offrir un accueil plus chaleureux, des espaces privatifs plus confidentiels et enfin un coin ludique pour les enfants avec mise à disposition de tablettes.

Autre innovation majeure: la mise en place d'une nouvelle carte qui signe la fin du «tout patate» mais tout en gardant l'attractivité de prix raisonnables. Résultat? Les premiers retours sur cette évolution stratégique furent excellents. Ainsi, au troisième trimestre 2017, plus de quinze établissements du réseau ont connu ce «remodeling» avec de bons résultats à la clé.

La procédure de cession

Surprise mi-octobre avec la décision de la direction d'engager une procédure de cession du groupe auprès du tribunal de commerce de Limoges. Et plus précisément de «prepack cession», un nouveau dispositif au service des entreprises en difficulté, entré en vigueur à l'été 2014. Son principe: «faire mieux et plus vite pour sauver l’entreprise en situation tendue, tant que celle-ci est créditée encore d’une "certaine valeur",comme l’explique le cabinet d'avocat Fidal.

Trois repreneurs étaient en lice: un groupement de deux sociétés d'investissement (Pléiade Investissement et Delta Alternative Investissement), un industriel du secteur, le groupe agenais Crescendo Restauration et donc la société d'investissement Verdoso.

C'est donc cette dernière qui est devenue officiellement, le repreneur du groupe, le 21 novembre 2017.

Conclusion

Sans aucun doute victime d'un développement en franchise mal maîtrisé, l'histoire du groupe La Pataterie va donc connaître un nouveau chapitre, depuis sa reprise par le groupe Verdoso il y de cela mois d'un mois. Basé sur le concept d'une restauration centrée autour de la pomme de terre, la Pataterie a connu un succès et un développement fulgurants sur le territoire français à partir du début des années 2000. Misant sur le terroir et le rustique, le groupe a connu un net ralentissement depuis 2015, même si le plan de relance mis en place fin 2016 a permis de relancer spectaculairement les points de vente concernés. Reste à savoir si cette dernière continuera à s'imposer avec le changement de propriétaire du réseau. Idem concernant l'internationalisation, puisque deux restaurants ont déjà été ouverts en Belgique.